La structure si particulière des fleurs d'orchidées est en étroite relation avec leurs modes de reproduction :
- Certaines orchidées se reproduisent par voie végétative : c'est le cas de Goodyera repens qui émet des stolons ou de Liparis lœselii
qui se propage grâce à des bulbilles qui bourgeonnent sur la plante et
peuvent redonner de nouveaux pieds, une fois tombés au sol.
- D'autres sont autogames et s'autofécondent : en l'absence d'insectes pollinisateurs appropriés, certaines Epipactis s'autopollinisent après disparition du rostellum et chez Ophrys apifera, les pollinies portées par de longs caudicules finissent par tomber sur la surface stigmatique.
- Mais
la plupart des orchidées sont allogames : elles attirent des insectes
qui transporteront le pollen d'une fleur à l'autre pour une fécondation
croisée. Pour attirer ces insectes, les orchidées ont développé un
ensemble d'outils stratégiques souvent très élaborés :
- Les Platanthera et les Epipactis produisent un nectar nourricier.
- D'autres, comme les Orchis et les Dactylorhiza, donnent seulement l'illusion à l'insecte d'être des espèces nectarifères (leurres visuels).
- Certaines enfin, les Ophrys,
sont de véritables leurres sexuels : leurs fleurs imitent visuellement
et parfois même olfactivement les femelles d'une espèce d'hyménoptère,
attirant ainsi l'insecte mâle correspondant.
Quelle que
soit la stratégie de reproduction adoptée par les orchidées allogames,
tous les insectes ne sont pas capables de féconder toutes les espèces.
Il est nécessaire qu'il existe une adaptation morphologique de
l'insecte pollinisateur à celle de la fleur et/ou de la morphologie de
la fleur à celle de l'insecte (coévolution).
Listera et Epipactis
Listera ovata et les
Epipactis ont des fleurs vertes, rougeâtres ou brunâtres sans attrait visuel particulier pour les insectes.
Mais
ces espèces possèdent un labelle pouvant servir de plate-forme
d'atterrissage et un nectar facilement accessible aux insectes munis de pièces buccales courtes.
Insectes pollinisateurs : principalement des hyménoptères (Guêpe, Abeille, Fourmi ...).
Guêpe sur Epipactis helleborine
Pierre la Treiche
11 juillet 2005
Orchis et DactylorhizaLe grand labelle des Orchis et Dactylorhiza sert de piste d'atterrissage à l'insecte. Les dessins
blancs, jaunes ou pourpres qui l'ornent, l'attirent et le
guident vers ce qu'il pense être le nectar, dissimulé dans l'éperon ou souvent même inexistant.
Insectes pollinisateurs : principalement des hyménoptères (Abeille, Bourdon ...).
Bombyle sur Orchis militaris x Orchis purpurea
Housselmont
20 mai 2006
Gymnadenia et AnacamptisLes fleurs des Gymnadenia et des Anacamptis attirent l'insecte par leurs couleurs vives et le discret parfum qu'elles émettent en pleine journée.
Le
labelle est encore de taille suffisante pour servir de plate-forme
d'atterrissage mais le nectar, dissimulé dans l'éperon, nécessite des
pièces buccales longues chez l'insecte.
Insectes pollinisateurs : principalement des papillons diurnes (Damier, Gazé, Zygène ...).
Gymnadenia conopsea
Choloy
26 juin 2005
PlatantheraLes fleurs des
Platanthera sont pâles et n'émettent leur parfum qu'à la tombée de la nuit.
Le labelle, étroit et pendant, nécessite un insecte pollinisateur capable de vol stationnaire.
Le nectar, au fond de l'éperon long et étroit, n'est accessible qu'aux insectes pourvus de longues trompes.
Insectes pollinisateurs : papillons nocturnes (Sphinx ...).
Platanthera bifolia
Villey Saint-Étienne
4 juin 2005
Gymnadenia,
Anacamptis,
Platanthera émettent un parfum qui attirent leurs insectes pollinisateurs. Qu'en est-il alors d'
Himantoglossum hircinum
? Rassurez-vous ! La Loroglosse à odeur de bouc n'attire
pas que les Capridés ! Elle est fécondée par des hyménoptères ou
des coléoptères et sa douce odeur ne semble pas si rebutante à d'autres
insectes ...
Ophrys
Les Ophrys sont des leurres sexuels pour leurs pollinisateurs :
- Leurre
visuel avec leur labelle bombé et velouté, muni d'une pilosité
marginale, d'une macule centrale glabre et aussi parfois de gibbosités
velues. L'ensemble ressemble au corps d'un insecte femelle.
- Leurre
olfactif car la fleur émet des phéromones comparables à celles
sécrétées par les insectes femelles pour attirer les mâles. Après la
pollinisation, la quantité de phéromones émise décroit et la fleur déjà
fécondée devient moins attractive que ses voisines qui ne le sont pas
encore.
- L'insecte pollinisateur est d'abord attiré par le signal chimique des phéromones.
- À proximité de l'Ophrys, ce signal chimique se complète des signaux visuels liés à l'aspect du labelle.
- Des signaux tactiles se rajoutent enfin (position, taille, pilosité du labelle et des gibbosités).
- L'insecte mâle tente de s'accoupler avec ce qui ressemble tant à sa partenaire (pseudocopulation).
Les insectes pollinisateurs des
Ophrys sont toujours des hyménoptères.
Ophrys insectifera et son pollinisateur (
Argogorytes sp.)
Germination et développementLes
graines d'orchidées sont minuscules et sont dépourvues de substances
nutritives. La graine tombée au sol doit rencontrer un champignon
microscopique du genre Rhyzoctonia
et instaurer avec lui une symbiose qui lui apportera les substances
nécessaires à sa germination et au développement précoce de la nouvelle
orchidée. Chez certaines espèces, cette symbiose persiste pendant toute
la durée de vie de la plante. Deux à quinze ans sont nécessaires entre
germination et première floraison !
I100 µm 10 µmI