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L'île de Groix est une île du Morbihan, au large de Lorient et au nord-ouest de Belle-Île. Longue d'environ 8 km sur 3 km de large, c'est la deuxième île bretonne par sa superficie (1770 ha). Connue pour sa grande richesse minéralogique (Réserve François Le Bail), ses Grands Sables, l'une des rares plages convexes d'Europe, et le thon qui remplace l'habituel coq sur le clocher de l'église du Bourg et rappelle que l'île abrita une importante flottille de thoniers au début du XXème siècle, elle abrite aussi une flore encore bien préservée.

Ce site n'a pas le prétention de faire un état des lieux exhaustif de la flore de l'île de Groix. Il regroupe simplement les photographies personnelles des espèces végétales rencontrées lors d'un court séjour sur place début juillet 2010. Ces photographies sont accompagnées des principales caractéristiques de chacune des espèces, de quelques commentaires sur les milieux de l'île, leur protection et l'autécologie des espèces.



IGN



Les milieux de Groix

Falaises et pelouses

Les côtes de la partie ouest de l'île sont essentiellement rocheuses avec des falaises, nues dans leur partie basse puis végétalisées, dominant l'Océan de plus de 30 m. Ces falaises, très exposées aux embruns à l'ouest et au sud-ouest, appartiennent au groupement des falaises atlantiques (Corine biotope 18.21). Elles abritent Crithmum maritimum, Armeria maritima, Limonium sp., Daucus sp., Spergularia rupicola, Inula crithmoides, Sedum anglicum...

Dans les fissures rocheuses ombragées et fraîches, on observe Umbilicus rupestris, Asplenium marinum et Obione portulacoides. Ces falaises sont généralement surmontées d'une pelouse rase et clairsemée au niveau des corniches, avec Ophioglossum lusitanicum, Isoëtes histrix, Plantago holosteum, Romulea columnae... puis plus haute, au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'Océan, avec Lotus corniculatus, Silene vulgaris subsp. maritima, Jasione sp., Eryngium campestre...

Dans tous ces milieux, les affleurements rocheux sont abondamment recouverts de diverses espèces de lichens.

Marqueblanche    VeinHoal
Falaises sud-ouest en dessous de la Marque Blanche                                                                Lichens à Vein Hoal                       

Landes

La lande succède progressivement à la pelouse des hauts de falaise dans la partie ouest et sud-ouest de l'île mais en revanche peut descendre pratiquement jusqu'à l'Océan au nord et à l'est, beaucoup plus abrités.

C'est d'abord une lande xérophile assez rase, rapidement remplacée par une formation plus haute, encore partiellement ouverte et plus mésophile appartenant aux landes atlantiques sur sols siliceux à Erica et Ulex (Corine biotope 31.23) avec 2 sous-types : Landes armoricaines à Erica vagans (Corine biotope 31.2341) qui est ici à l'extrême nord de son aire de répartition, et Landes anglo-armoricaines à Ulex gallii et Erica cinerea (Corine biotope 31.2351).

Dans les zones qui ne subissent plus une influence maritime directe, Ulex europaeus devient vite dominant et forme, avec Pteridium aquilinum, Prunus spinosa et Rubus sp. une lande haute relativement impénétrable et protectrice des villages et des cultures du centre-ouest de l'île.

Lande1    Lande2
            Lande moyenne à Erica et Ulex                                                        Passage à la lande haute avec Pteridium aquilinum

Vallons

Plusieurs vallons profonds et escarpés, perpendiculaires à la côte, entaillent l'île.

Au fond des vallons débouchant sur la côte sud, dans leurs parties les plus humides et à proximité des suintements d'eau douce, sont observables des espèces hygrophiles telles que Hydrocotyle vulgaris, hypericum elodes, Juncus maritimus, Apium graveolens, Bolboschoenus maritimus, Phragmites australis, Samolus valerandi...

Les vallons de la côte nord sont quant à eux le plus souvent occupés par Pteridium aquilinum et quelques saulaies avec Iris foetidissima, Hyacinthoides non-scripta, Lythrum salicaria, Heracleum sphondylium, Lonicera periclymenum...  et très localement Osmunda regalis.

VallonSaintNicolas    Sentier
            Vallon Saint-Nicolas                                                                                          Au dessus de Poullziorek

Plages et dunes

Quelques petites criques à fond sableux, souvent découvert uniquement à marée basse, Locmaria au sud-est, Port Mélite au nord-est et les Grands Sables à l'est constituent les seules véritables plages de l'île.

Sur celles-ci, on trouve les groupements annuels des plages de sable (Corine biotope 16.12), au niveau des sables enrichis en matières organiques azotées par les laisses de mer, avec Cakile maritima, Salsola kali, Beta maritima, Atriplex sp., Glaucium flavum, Polygonum sp., Euphorbia paralias... puis les groupements vivaces (Corine biotope 16.13) avec leurs espèces halonitrophiles des hauts de plage telles que Ammophila arenaria, Honkenya peploides, Atriplex sp., Cakile maritima...

L'arrière de la plage des Grands Sables est actuellement (la plage divague au gré des courants !) occupé par quelques élévations de la surface sableuse, qualifiables de dunes mobiles embryonnaires (Corine biotope 16.2111) et abritant Ammophila arenaria, Euphorbia paralias, Eryngium maritimum, calystegia soldanella, linaria arenaria...

Au niveau des pelouses sèches sur dunes fixées existant parfois à l'arrière des plages, principalement dans l'extrême est de l'île, on observe Barsia trixago qui est à Groix en limite nord de sa répartition, accompagnée de Eryngium maritimum, Ephedra distachia, Mathiola sp., Helichrysum stoeckas...

GrandsSables1   GrandsSables2

Plage des Grands Sables, l'une des rares plages convexes d'Europe, dont la position varie constament au gré des courants dominants



Autécologie des espèces

Une flore peu spécifique des bords de mer et souvent à large répartition continentale, occupe les zones abritées d’une influence marine directe. En revanche, une influence marine forte opère une sélection de plantes adaptées aux conditions particulières des milieux exposés : sécheresse, sel, vent...

Sécheresse
 
Principalement estivale (faibles précipitations), renforcée par les vents desséchants et la nature des sols, drainants quand ils sont sableux (plages, dunes) ou de très faible épaisseur, voire inexistants sur les falaises, la sécheresse sélectionne des espèces xérophiles (qui s'accommodent de milieux secs).
Ces espèces possèdent certaines caractéristiques morphologiques témoins de leur adaptation :
  • feuilles épaisses, charnues, assurant une rétention d’eau (Honckenya peploides, Salsola kali)
  • feuilles de petite taille (Armeria maritima), parfois enroulées sur elle-mêmes (Ammophila arenaria) ou remplacées par des épines (Ulex)
  • plantes velues (Glaucium flavum), aux feuilles vernissées ou cirées (Crambe maritima), couvertes d'un revêtement plus ou moins farineux (Atriplex laciniata) ou encore d'une gomme poisseuse (linaria arenaria) pour réduire l'évapotranspiration
  • système racinaire profond dans les sables (Eryngium maritimum) ou les fissures des rochers (Crithmum maritimum).
Sel

Le sel intervient à deux niveaux, sur les sols à proximité immédiate de la mer, noyés aux grandes marées et qui s'enrichissent en chlorure de sodium, et par l'air, chargé d'embruns apportés par le vent spécialement lors des tempêtes. 
Les espèces du bord de mer sont souvent halophiles (qui poussent de préférence sur des sols contenant des chlorures) : la teneur en sel de leurs tissus est alors suffisante pour leur permettre encore de puiser l'eau en milieu salé par osmose. Pour d'autres, des adaptations à la sécheresse, comme un système racinaire profond, assurent l'accès à des ressources en eau douce. Enfin, certaines sont capables de rejeter les chlorures au niveau de glandes racinaires (Atriplex laciniata).  

Vent


En plus de son action desséchante et de son rôle dans les embruns, le vent intervient sur le port des plantes du bord de mer : nanisme, port prostré et rampant avec tiges étalées (Polygonum maritimum) ou en coussinets denses (Plantago holosteum). Les espèces les plus hautes prennent un port profilé dans le sens des vents dominants.

Autres facteurs
 
Les laisses de mer enrichissent les sols sur lesquels elles se déposent en matières organiques azotées. On trouvera ainsi dans les hauts de plage des espèces halonitrophiles (qui poussent de préférence sur des substrats riches en composés azotés et tolèrent la présence de chlorures). À l'inverse, les sols des hauts de falaises qui sont très peu épais et pauvres, sélectionnent les espèces les moins exigeantes, souvent saxicoles (qui se développent sur des rochers).

Une autre particularité de certains sols des bords de mer est leur mobilité : sur les sables des plages et des dunes mobiles poussent d'abord des espèces annuelles et l'apparition des espèces vivaces est signe d'un début de stabilisation.

La plupart des espèces groisillonnes sont acidiphiles ou acidiclines (qui poussent exclusivement ou préférentiellement sur des terrains acides) mais il est à noter qu'existent cependant sur l'île plusieurs roches basiques (amphibolites, péridotites, glaucophanites...)

Enfin la majorité des espèces des milieux ouverts du bord de mer sont héliophiles (qui ne peuvent se développer complètement qu'en pleine lumière).


PortSaintNicolas    Sudouest
Port Saint-Nicolas                                                                                            Vers le Trou du Tonnerre



Protection

Espèces protégées

Protection nationale : Asphodelus macrocarpus var. arrondeaui, Crambe maritima (disparu ?), Daucus carota subsp. gadeceaui, Isoëtes histrix, Pulicaria vulgaris (disparue ?), Rumex rupestris

Protection régionale Bretagne : Eryngium maritimum, Linaria arenaria, Plantago holosteum var. littoralis, Polygonum maritimum

Menaces

Les principales menaces qui pèsent sur la flore groisillonne sont actuellement le surpiétinement des pelouses en haut des falaises et la mise en œuvre éventuelle d'un nettoyage mécanique intensif des plages fréquentées (Grands Sables, Locmaria, Port Mélite) avec élimination des laisses de mer.

Espaces protégés sur l'île de Groix

Protection

RNN : Réserve Naturelle Nationale (Réserve François Le Bail)
ZNIEFF :      1 Port Melin,     2 Quelhuit,     3 Pen Men,     4 Pointe Saint-Nicolas,     5 Pointe de l'Enfer
                       
6 Roches des Saisies,     7 Pointe des Chats,     8 De Nosterven à la Pointe de La Croix

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© Paul Montagne