Les milieux de GroixFalaises et pelousesLes
côtes de la partie ouest de l'île sont essentiellement rocheuses avec
des falaises, nues dans leur partie basse puis végétalisées, dominant
l'Océan de plus de 30 m. Ces falaises, très exposées aux embruns à
l'ouest et au sud-ouest, appartiennent au groupement des falaises
atlantiques (Corine biotope 18.21). Elles abritent
Crithmum maritimum, Armeria maritima,
Limonium sp., Daucus
sp., Spergularia rupicola, Inula crithmoides, Sedum
anglicum...
Dans les fissures rocheuses ombragées et fraîches, on observe
Umbilicus rupestris,
Asplenium marinum et
Obione portulacoides. Ces falaises sont généralement surmontées d'une pelouse rase et clairsemée au niveau des corniches, avec
Ophioglossum lusitanicum,
Isoëtes histrix, Plantago holosteum, Romulea columnae... puis plus haute, au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'Océan, avec
Lotus corniculatus,
Silene vulgaris subsp. maritima, Jasione sp.,
Eryngium campestre...
Dans tous ces milieux, les affleurements rocheux sont abondamment recouverts de diverses espèces de lichens.
Falaises
sud-ouest en dessous de la Marque Blanche
Lichens à Vein Hoal
LandesLa
lande succède progressivement à la pelouse des hauts de falaise dans la
partie ouest et sud-ouest de l'île mais en revanche peut descendre
pratiquement jusqu'à l'Océan au nord et à l'est, beaucoup plus abrités.
C'est d'abord une lande xérophile assez rase, rapidement
remplacée par une formation plus haute, encore partiellement ouverte et
plus mésophile appartenant aux landes atlantiques sur sols siliceux à Erica et Ulex (Corine biotope 31.23) avec 2 sous-types : Landes armoricaines à Erica vagans (Corine biotope 31.2341) qui est ici à l'extrême nord de son aire de répartition, et Landes anglo-armoricaines à Ulex gallii et Erica cinerea (Corine biotope 31.2351).
Dans les zones qui ne subissent plus une influence maritime directe, Ulex europaeus devient vite dominant et forme, avec Pteridium aquilinum, Prunus spinosa et Rubus sp. une lande haute relativement impénétrable et protectrice des villages et des cultures du centre-ouest de l'île.
Lande moyenne à
Erica et
Ulex
Passage à la lande haute avec
Pteridium aquilinum VallonsPlusieurs vallons profonds et escarpés, perpendiculaires à la côte, entaillent l'île.
Au
fond des vallons débouchant sur la côte sud, dans leurs parties les
plus humides et à proximité des suintements d'eau douce, sont
observables des espèces hygrophiles telles que
Hydrocotyle
vulgaris, hypericum elodes, Juncus maritimus, Apium graveolens,
Bolboschoenus maritimus, Phragmites australis, Samolus valerandi...Les vallons de la côte nord sont quant à eux le plus souvent occupés par
Pteridium aquilinum et quelques saulaies avec
Iris foetidissima, Hyacinthoides non-scripta, Lythrum salicaria, Heracleum sphondylium, Lonicera periclymenum... et très localement
Osmunda regalis.
Vallon
Saint-Nicolas
Au dessus de Poullziorek
Plages et dunesQuelques
petites criques à fond sableux, souvent découvert uniquement à marée
basse, Locmaria au sud-est, Port Mélite au nord-est et les Grands Sables à l'est
constituent les seules véritables plages de l'île.
Sur celles-ci, on trouve
les groupements annuels des plages de sable (Corine biotope 16.12), au
niveau des sables enrichis en matières organiques azotées par
les laisses de mer, avec
Cakile maritima, Salsola kali, Beta maritima,
Atriplex sp., Glaucium flavum, Polygonum sp., Euphorbia paralias... puis les groupements vivaces (Corine biotope 16.13) avec leurs espèces halonitrophiles des hauts de plage telles que
Ammophila arenaria,
Honkenya peploides, Atriplex sp., Cakile maritima...L'arrière
de la plage des Grands Sables est actuellement (la plage divague au gré
des courants !) occupé par quelques élévations de la
surface sableuse, qualifiables de dunes mobiles embryonnaires (Corine
biotope 16.2111) et abritant
Ammophila arenaria, Euphorbia paralias, Eryngium maritimum, calystegia soldanella, linaria arenaria... Au niveau des pelouses sèches sur dunes fixées existant parfois à l'arrière des
plages, principalement dans l'extrême est de l'île, on observe
Barsia trixago qui est à Groix en limite nord de sa répartition, accompagnée de
Eryngium maritimum, Ephedra distachia, Mathiola sp.,
Helichrysum stoeckas... Plage des Grands
Sables, l'une des rares plages convexes d'Europe, dont la position varie constament au gré des courants dominants
Autécologie des espèces
Une flore
peu spécifique des bords de mer et souvent à large répartition
continentale, occupe les zones abritées d’une influence marine
directe. En revanche, une influence marine forte opère une sélection de
plantes adaptées aux
conditions particulières des milieux exposés : sécheresse, sel,
vent...
Sécheresse Principalement
estivale (faibles précipitations), renforcée par les vents desséchants
et la nature des sols, drainants quand ils sont sableux (plages, dunes)
ou de très faible épaisseur, voire inexistants sur les falaises, la
sécheresse sélectionne des espèces
xérophiles (qui s'accommodent de milieux secs).
Ces espèces possèdent certaines caractéristiques morphologiques témoins de leur adaptation :
- feuilles épaisses, charnues, assurant une rétention d’eau (Honckenya peploides, Salsola kali)
- feuilles de petite taille (Armeria maritima), parfois enroulées sur elle-mêmes (Ammophila arenaria) ou remplacées par des épines (Ulex)
- plantes velues (Glaucium flavum), aux feuilles vernissées ou cirées (Crambe maritima), couvertes d'un revêtement plus ou moins farineux (Atriplex laciniata) ou encore d'une gomme poisseuse (linaria arenaria) pour réduire l'évapotranspiration
- système racinaire profond dans les sables (Eryngium maritimum) ou les fissures des rochers (Crithmum maritimum).
SelLe
sel intervient à deux niveaux, sur les sols à proximité immédiate de la
mer, noyés aux grandes marées et qui s'enrichissent en chlorure de
sodium, et par l'air, chargé d'embruns apportés par le vent
spécialement lors des tempêtes.
Les espèces du bord de mer sont souvent
halophiles
(qui poussent de préférence sur des sols contenant des chlorures) : la
teneur en sel de leurs tissus est alors suffisante pour leur
permettre encore de puiser l'eau en milieu salé par osmose. Pour
d'autres, des adaptations à la sécheresse, comme un système racinaire
profond, assurent l'accès à des ressources en eau douce. Enfin,
certaines sont capables de rejeter les chlorures au niveau de glandes
racinaires (
Atriplex laciniata).
Vent
En
plus de son action desséchante et de son rôle dans les embruns, le vent
intervient sur le port des plantes du bord de mer :
nanisme, port prostré et rampant avec tiges étalées (
Polygonum maritimum) ou en coussinets denses (
Plantago holosteum). Les espèces les plus hautes prennent un port profilé dans le sens des vents dominants.
Autres facteurs
Les laisses de mer enrichissent les sols sur lesquels elles se déposent en matières organiques azotées.
On trouvera ainsi dans les hauts de plage des espèces halonitrophiles
(qui poussent de préférence sur des substrats riches en composés azotés
et tolèrent la présence de chlorures). À l'inverse, les sols des hauts
de falaises qui sont très peu épais et pauvres, sélectionnent les
espèces les moins exigeantes, souvent
saxicoles (qui se développent sur des rochers).
Une
autre particularité de certains sols des bords de mer est leur mobilité
: sur les sables des plages et des dunes mobiles poussent d'abord des
espèces annuelles et l'apparition des
espèces vivaces est signe d'un début de stabilisation.
La plupart des espèces groisillonnes sont acidiphiles ou acidiclines
(qui poussent exclusivement ou préférentiellement sur des terrains
acides) mais il est à noter qu'existent cependant sur l'île plusieurs
roches basiques (amphibolites, péridotites, glaucophanites...)Enfin la majorité des espèces des milieux ouverts du bord de mer sont
héliophiles (qui ne peuvent se développer complètement qu'en pleine lumière).
Port
Saint-Nicolas
Vers le Trou du Tonnerre
ProtectionEspèces protégéesProtection nationale :
Asphodelus macrocarpus var. arrondeaui, Crambe maritima (disparu ?),
Daucus carota subsp. gadeceaui, Isoëtes histrix, Pulicaria vulgaris (disparue ?),
Rumex rupestris Protection régionale Bretagne :
Eryngium maritimum, Linaria arenaria, Plantago holosteum var. littoralis, Polygonum maritimumMenacesLes
principales menaces qui pèsent sur la flore groisillonne sont
actuellement le surpiétinement des pelouses en haut des falaises et la
mise en œuvre éventuelle d'un nettoyage mécanique intensif
des plages fréquentées (Grands Sables, Locmaria, Port Mélite) avec
élimination des laisses de mer.
Espaces protégés sur l'île de Groix
RNN : Réserve Naturelle Nationale (Réserve François Le Bail)
ZNIEFF : 1 Port Melin, 2 Quelhuit, 3 Pen Men, 4 Pointe Saint-Nicolas, 5 Pointe de l'Enfer
6 Roches des Saisies, 7 Pointe des Chats, 8 De Nosterven à la Pointe de La Croix