Depuis
très longtemps l'homme favorise l'importation
d'espèces végétales exotiques. Volontairement, pour enrichir son
alimentation et orner ses jardins ou involontairement, par ses
déplacements ou le transport de marchandises. Le devenir de ces espèces
importées est
variable. Certaines d'entre elles s'intègrent très progressivement à la
flore locale et contribuent ainsi à la biodiversité des milieux. Elles
sont alors qualifiées d'espèces naturalisées. Cependant, quelques unes
s'adaptent si bien à leurs nouvelles conditions de vie qu'elles
deviennent envahissantes et que leur
rapide "prolifération dans les milieux naturels conduit à des
changements significatifs de composition, de structure et/ou de
fonctionnement des écosystèmes". On parle alors d'espèces
invasives.
On peut donc définir une espèce invasive comme une
espèce allochtone importée susceptible de provoquer des nuisances à
l'environnement, quand elle est envahissante, ou à la santé humaine ou
animale, si elle est toxique ou allergénique.
Liste et statut des plantes invasives en Lorraine Invasives avérées | Invasives potentielles | Invasives à surveiller |
Acer negundo | Érable négundo |
Ailanthus altissima | Ailanthe |
Amaranthus retroflexus | Amarante réfléchie |
Ambrosia artemissifolia | Ambroisie à feuilles d'armoise |
Amorpha fruticosa | Faux Indigo |
Aster lanceolatus | Aster lancéolé |
Aster novi-belgii | Aster de Virginie |
Azolla filiculoides | Azolla fausse filicule |
Berteroa incana | Alysson blanc |
Bidens frondosa | Bident feuillé |
Buddleja davidii | Buddléia de David, Arbre aux papillons |
Bunias orientalis | Bunias d'orient |
Conyza canadensis | Vergerette du Canada |
Cortaderia selloana | Herbe de la pampa |
Cotoneaster horizontalis | Cotonéaster horizontal |
Cotoneaster microphyllus | Cotonéaster à petites feuilles |
Cyperus eragrostis | Souchet vigoureux |
Duchesnea indica | Fraisier de Duchesne, Fraisier des Indes |
Echinochloa crus-galli | Panic des marais, pied de coq |
Elodea canadensis | Élodée du Canada |
Elodea nuttallii | Élodée de Nuttall |
Epilobium ciliatum | Épilobe cilié |
Erigeron annuus | Vergerette annuelle |
Galega officinalis | Galéga officinal |
Galinsoga quadriradiata | Galinsoga cilié |
Helianthus tuberosus | Topinambour |
Heracleum mantegazzianum | Berce du Caucase |
Impatiens balfouri | Balsamine de Balfour |
Impatiens capensis | Balsamine du Cap |
Impatiens glandulifera | Balsamine à grandes fleurs |
Impatiens parviflora | Balsamine à petites fleurs |
Juncus tenuis | Jonc grèle |
Lemna minuta | Lentille d'eau minuscule |
Lemna turionifera | Lentille d'eau à turions |
Lonicera japonica | Chèvrefeuille du Japon |
Ludwigia grandiflora | Ludwigie à grandes fleurs, Jussie |
Mahonia aquifolium | Mahonia à feuilles de Houx |
Myriophyllum aquaticum | Myriophylle du Brésil |
Oenothera biennis | Onagre bisannuelle |
Panicum capillare | Millet capillaire |
Parthenocissus inserta | Vigne vierge commune |
Phyllostachys sp. | Bambous |
Phytolacca americana | Raisin d'Amérique |
Populis x canadensis | Peuplier du Canada |
Prunus laurocerasus | Laurier-cerise |
Reynoutria japonica | Renouée du Japon |
Reynoutria sachalinensis | Renouée de Sachaline |
Rhus typhina | Sumac de Virginie |
Robinia pseudoacacia | Robinier faux-acacia |
Rudbeckia laciniata | Rudbeckia lacinié |
Senecio inaequidens | Séneçon du cap |
Solidago canadensis | Solidage du Canada |
Solidago gigantea | Solidage glabre |
Spiraea alba | Spirée blanche |
Spiraea douglasii | Spirée de Douglas |
Symphoricarpos albus | Symphorine blanche |
Veronica persica | Véronique de Perse |
Envahissement d'un jardin abandonné, Pierre la Treiche, 11 octobre 2008
InvasionUne
plante importée a très peu de chance de devenir une plante invasive. Il
lui faut d'abord s'adapter et se reproduire pour former une première
population. Puis cette population doit elle-même en engendrer d'autres
à distance de la première. Les plantes invasives ont ainsi toutes en
commun une grande capacité d'adaptation, un taux de croissance élevé,
une reproduction efficace et un potentiel d'occupation spatiale
important.
Une surface foliaire statistiquement plus élevée
chez les espèces invasives que chez les non invasives leur assure une
croissance rapide (Reynoutria). Une multiplication végétative active (Azolla filiculoides, Lemna, Ludwigia grandiflora…)
induit une colonisation importante des milieux. Une reproduction
sexuée, quand elle existe, par graines légères, parfois munies
d'aigrette (Asteraceae), en grand nombre (Asteraceae, Buddleja davidii, Heracleum manteggazanium, Impatiens) ou avec des fruits dont les oiseaux sont friands (Cotoneaster) permet leur dissémination sur de longues distances. Certaines espèces cumulent plusieurs de ces caractéristiques (Reynoutria, Solidago, Rhus typhina). Il en est même (Senecio inaequidens)
qui pousse la perversité jusqu'à produire des composés toxiques
empêchant la germination des autres espèces, qui sont résistantes aux
herbicides ou repoussantes pour les insectes et le bétail qui
pourraient s'en nourrir et en limiter ainsi l'extension.
Malgré
toute cette panoplie très élaborée du parfait colonisateur/envahisseur,
le processus d'invasion reste lent (150 à 200 ans). Il peut être
globalement scindé en phases successives : implantation, propagation,
invasion. D'où l'importance de la surveillance des espèces
potentiellement invasives et celle des actions préventives sur les
peuplements encore limités.
NuisancesAtteinte à l'environement et à la biodiversité Beaucoup
de nos plantes invasives peuvent à terme former des peuplements denses
en raison de leur croissance extrêmement rapide, de leur
multiplication végétative particulièrement bien adaptée ou du nombre
important de graines qu'elles produisent. Parfois ces peuplements
deviennent monospécifiques en concurrençant les espèces indigènes
jusqu'à conduire à leur totale disparition. Ces plantes créent alors de graves préjudices à la biodiversité végétale et
animale en modifiant le milieu de vie naturel de nombreuses espèces.
Quand Elodea, Lemna ou Ludwigia
par exemple envahissent un étang, elles y empêchent la pénétration de
la lumière ainsi que les échanges gazeux, y induisant son asphyxie et la
mort de toute autre vie aquatique.
On considère que les
invasions biologiques sont aujourd'hui l'une des causes principales, avec la dégradation
des habitats, de
l'appauvrissement de la biodiversité dans le monde.
Atteinte à la santéQuelques unes des plantes invasives rencontrées en lorraine sont toxiques pour l'homme : Symphorine (Symphoricarpos albus) et Mahonia (Mahonia aquifolium) sont par exemple toxiques dans toutes leurs parties.
Certaines sont allergéniques : c'est le cas de Rhus typhina (Sumac de Virginie) qui peut provoquer des allergies cutanées et surtout d'Heracleum mantegazzianum
(Berce du Caucase) qui induit de véritables brûlures en cas
d'exposition au rayonnement solaire de la peau ayant été en contact
avec la plante (phytophotodermatose).
D'autres encore sont toxiques pour le bétail : Senecio inaequidens n'est habituellement pas pâturé par les bovins car il contient des alcaloïdes toxiques ; Galega officinalis a été récemment la cause d'une forte mortalité dans un troupeau d'ovins dans le Der tout proche.
Envahissement de la morte de La Rochotte, Pierre la Treiche, 22 juillet 2008
Contrôle
Les
méthodes de contrôle de l'expansion des espèces invasives installées
sont bien dérisoires et représentent un coût important pour la
société. L'éradication totale est souvent très difficile en raison de
leur grande compétitivité et de leur stratégie de reproduction. Ces
méthodes (fauchage, arrachage, restauration...) dépendent de l'espèce,
du milieu colonisé et de la surface envahie. Elles sont
mentionnées dans les fiches descriptives de chaque espèce.
La prévention de la propagation des espèces végétales invasives est de
loin beaucoup plus efficace et elle est l'affaire de chacun d'entre nous. Nous devons ainsi :
- Éviter
d'introduire des espèces invasives avérées ou potentielles dans les
jardins, les parcs, les bassins, les aquariums... Il existe le plus
souvent des plantes indigènes de substitution.
- Ne pas acheter dans les jardineries ou sur internet des plantes exotiques sans informations sur leur potentiel invasif.
- Ne
pas propager ces espèces par échange dans les bourses aux plantes, ni
par vidange des aquariums et des bassins et rejet en milieu naturel.
Ces plantes doivent être détruites et l'eau mise à l'égout doit être
débarrassée de tout fragment végétal.
- Ne pas favoriser la
colonisation par dégradation des milieux (drainage, destruction des
berges des cours d'eau, utilisation intempestive d'herbicides qui
souvent favorisent les espèces invasives, plus résistantes que nos
"mauvaises herbes" indigènes).
- Informer
le plus rapidement possible les collectivités locales ou une
association dédiée de la découverte d'une espèce invasive.
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